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Olivia Aubriot, CNRS – CEH

Une urbanisation de villages nourrie par les migrations. Un exemple dans le Téraï népalais

 

Dans la plaine du Téraï au Népal, le processus de périurbanisation qui se développe le long des routes et à proximité de villes à forte croissance démographique est relativement récent. Des villages, tout en étant au milieu des champs, se transforment ainsi en une forme d’habitat et un mode de vie de ses résidents qui se rapprochent de ceux de la ville : ce que l’on peut dénommer une urbanisation de villages. Cette urbanisation crée un continuum urbain-rural qui incite à remettre en cause les catégories de rural et d’urbain, d’autant plus depuis 2017, date du redécoupage administratif qu’a connu le Népal et qui inclus ces « villages » dans les nouvelles petites municipalités.

L’étude de la densification de l’habitat, et de son étalement au détriment des rizières, dans un village du nord du district de Rupandehi révèle que cette urbanisation villageoise périurbaine s’est accélérée du fait des migrations de travail à l’étranger. Elle est nourrie par un double phénomène : des montagnards viennent s’installer en plaine grâce à l’argent des migrations de travail à l’étranger ; des agriculteurs de la plaine se désintéressent de l’agriculture, suite notamment à la migration d’un des membres. Le processus de désagrarianisation qui en résulte prend toutefois place dans un espace agricole mité où une certaine agriculture persiste.

 

Tristan Bruslé, CNRS – CEH

Migrations de travail et diversification des revenus dans le monde rural. L’apport de l’approche quantitative

 

Dans le Teraï comme ailleurs au Népal, les migrations de travail vers le Golfe ou la Malaisie sont très communes, de sorte que la place de l’agriculture dans les économies familiales change. Beaucoup d’agriculteurs considèrent aujourd’hui que « l’agriculture n’est plus profitable » et remettent ainsi en question leur mode de subsistance. Comme la part des remises et des activités génératrices de revenus augmente, la multi-activité s’installe, de manière inégale néanmoins, dans les économies paysannes. La migration est alors considérée comme un moyen parmi d’autres de diversifier les sources familiales de revenus mais elle n’est pas accessible à tous. Je tenterai de montrer comment les ménages allouent leur force de travail et choisissent des occupations génératrices de cash, en fonction des contraintes qui s’imposent à eux.

Pour mieux comprendre – et tenter de prouver – l’importance de la multi-activité dans les fermes népalaises, j’ai lancé une enquête qualitative dont je vais exposer les résultats. Je m’interrogerai sur les avantages et les limites d’une telle enquête, en regard de l’approche qualitative que j’adopte généralement.

 

Discussion animée par Blandine Ripert, CNRS – CEIAS