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Joël Cabalion

Thèse soutenue en décembre 2013

Coordonnées professionnelles

joel.cabalion[at]univ-tours.fr

Joël Cabalion est maître de conférence en sociologie et anthropologie à l'Université François Rabelais de Tours et membre associé au CEIAS

 

Julien Cabalion a soutenu sa thèse le 2 décembre 2013.

 

Thèse de doctorat

Des existences paysannes au fil de l’eau. Le grand barrage Gosikhurd et les déplacements de population au Vidarbha, Inde centrale

Directrice de thèse : Catherine Servan-Schreiber et Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky

École doctorale : EHESS - Sociologie

Année d’inscription : 2007

Thèse soutenue en décembre 2013

 

De la « science de l’État » dans « l’intérêt général » jusqu’aux inégalités rurales en passant par les luttes politiques d’un mouvement social, cette thèse engage une réflexion sur la chaîne de déracinements et de ré-enracinements qui façonne le sens des existences paysannes en Inde aujourd’hui.

Sur la rivière Wainganga, le projet du grand barrage Gosikhurd force le déplacement et la réinstallation de 83 000 personnes, condamnant 93 villages à disparaître sous les eaux du réservoir. Dans une perspective globale de développement agraire engagée en Inde depuis plusieurs décennies, l’État du Maharashtra prône en ce sens, au Vidarbha – une région dite « arriérée » – la Révolution Verte. Si cette orientation politique fait l’objet de nombreuses analyses dans diverses disciplines, peu se penchent simultanément sur les conditions de production d’un tel projet et les effets de l’ennoiement sur les populations. Au travers d’une étude qualitative et quantitative qui suit sur neuf ans ce double processus, cette recherche mêle sociologie de l’action publique et des mouvements sociaux, ethnographie rurale et anthropologie sociale et politique, pour expliquer les transformations et ruptures générées par le déplacement. Lorsqu’il est prévu de rayer un village des cartes et de le réinstaller, comment l’État indien organise-t-il l’acquisition foncière et le dédommagement des ressources agraires ? Comment la paysannerie s’ajuste-t-elle à la confiscation de son mode de vie rural et à l’incertitude de son « à venir » social ? Enfin, quelles sont les formes d’opposition ou de « résistance » qui surgissent face à cette dépossession ?

Formant une « communauté de sort » par leur ré-agrégation dans un nouvel espace, la structure et la trajectoire du déplacement de quatre villages sont analysées au prisme des catégories morphologiques de l’existence communautaire et des « inégalités de chance de replacement » qu’elles déterminent. Provoquant dépaysannisation, appauvrissement et une désagrégation du lien social, le déplacement agit tel un révélateur des inégales dispositions à pouvoir se replacer dans l’existence hiérarchisée d’une société. Cette thèse spatialise ainsi la question de la structure sociale indienne et propose une étude de la reproduction d’inégalités en mouvement.

 

Mots-clés : Inde - Vidarbha - Maharashtra - grands barrages - Révolution Verte - déplacement - replacement - paysannerie - caste - inégalités sociales - études rurales - dépaysannisation - mouvement social

 

Peasant existences adrift on the waters. The Gosikhurd large dam and people displacement in Vidarbha, Central India

Through the lens of a « State science » in the name of « public interest » to rural inequalities and the political struggles of a social movement, this thesis reflects upon the chain of uprootings and regroundings which shape the sense of peasant existences in India today.

On the Wainganga river, the Gosikhurd project leads to the displacement and resettlement of 93 villages, resulting in 83 000 people having to leave their land and homestead behind as the dam waters start to rise in the reservoir. Engaged since a few decades in a global perspective of agrarian development, the State of Maharashtra therein advocates a Green Revolution for Vidarbha, a region perceived as « backwards ». If this political orientation has already been subject to multiple analyses in diverse disciplines, few have simultaneously addressed the conditions of production of such a project and the inherent impacts of submergence on the population. Grounded in a qualitative and quantitative study which followed this double process over nine years, this research entwines a sociology of public action and social movements, a rural ethnography and a political and social anthropology in order to account for the transformations and ruptures caused by displacement. When the Indian State plans to wipe a village off the map and relocate it, how does it organize the processes of land acquisition and compensation of agrarian resources? How does the peasantry adjust to the confiscation of its rural lifestyle and to the uncertainty of its social « forth-coming »? Finally, what are the forms of opposition or « resistance » that the project meets in the face of such dispossession ?

Forming a « community of fate » due to their re-aggregation in a new space, the structure and the trajectory of the displacement of four villages are analyzed through the prism of the morphological categories of community existence and the « resettlement inequalities » they determine. Engendering depeasantization, impoverishment and a disaggregation of social bonding, displacement acts as an indicator of people’s unequal dispositions to relocate their existence in the hierarchy of a society. This thesis thus spatializes the question of the Indian social structure and proposes a study of the production of inequalities in movement.

 

Keywords: India - Vidarbha - Maharashtra - large dams - Green Revolution - displacement - resettlement - peasantry - caste - social inequalities - rural studies - depeasantization - social movement

 

Lauréat du “Prix de thèse Pierre Massé en Sciences Humaines et Sociales  (Eau et Société)” de la Société Hydrotechnique de France, 2014.                               

Lauréat du “Prix de thèse solennel Schneider-Aguirre Basualdo” en Lettres et Sciences Humaines de la Chancellerie des Universités de Paris, 2014.

Co-lauréat (avec Julien Jugand) en juin de la bourse postdoctorale Eugène Fleischmann de la  Société d’Ethnologie de Nanterre pour un projet nommé “De la peine de l’existence à l’émancipation: les musiques Mahar comme reconstruction identitaire”

 

Publications

Mémoires d’études

Mémoire de doctorat en Sociologie, « Des existences paysannes au fil de l’eau. Le grand barrage Gosikhurd et les déplacements de population au Vidarbha, Inde centrale », École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Paris, soutenu publiquement le 2 décembre 2013.

Mémoire de Master en Anthropologie, « Gestions politiques et conflits autour d’un projet de barrage indien : les enjeux socio-économiques de la réorganisation sociale à Ambhorâ Khurd, village du Mahârashtrâ », Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), Paris, soutenu le 10 septembre 2007.

Ouvrages et/ou chapitres d’ouvrages

Cabalion Joël, “State science and resettlement knowledge. The case of the Gosikhurd large dam”, in India and China planned migration: a comparison between two ways of organizing displacement (ed. Florence Padovani), à paraître, 2014.

Bastien Clément, Borja Simon, Cabalion Joël, Cretin Anaïs, Ramadier Thierry, Rick Olivia, « Looking for utopia : un mo(uve)ment dans un temps présent », in Luttes Espérances Utopies (dir. Bertrand Geay),L’Harmattan (Coll. Questions sociologiques), décembre 2013.

Cabalion Joël, “The Gosikhurd project and the transformation of rural social space in Vidarbha”, in Natural environment and societies. Practices, governance and transformations of nature in South Asia, Lainé Nicolas, Subba T.B. (eds), Orient Blackswan, 2012, pp.192-210.

Articles dans des revues à comité de lecture

Cabalion Joël, « Science de l’État et dépossession au Vidarbha » (State science and dispossession in Vidarba), Cahiers d’Outre-Mer, N°265,  février 2015.

Cabalion Joël, « En attendant la Révolution Verte » (Awaiting the Green Revolution), Cahiers d’Outre-Mer, N°265, février 2015.

Cabalion Joël, « La valeur de l’existence paysanne. Naya Ambhora, un nouveau village de déplacés en Inde centrale » [The value of peasant existence. Naya Ambhora, a new village of displaced people in Central India], Justice Spatiale / Spatial Justice, N°7, janvier 2015.

Cabalion Joël, « Les dimensions d’une mobilité socio-spatiale forcée en Inde centrale », Regards Sociologiques, à paraître, février 2014.

Articles en ligne (actes de colloque, revues sans comité de lecture, divers)

Cabalion Joël, « La question sociale de la dépossession », Mouvements, à paraître, mars 2014 (article accepté).

Cabalion Joël, « Maoïsme et lutte armée en Inde contemporaine », La Vie des Idées, mars 2011, URL : http://www.laviedesidees.fr/Maoisme-et-lutte-armee-en-Inde.html

Borja Simon, Cabalion Joël, and alii., « Invisibilisation, mise au ban et remise au pas. L'exemple de revendications étudiantes », Actes du 4ème Congrès de l'ABSP-CF: Science politique et actualité : l'actualité de la science politique", 24-25 mai 2008, http://www.absp-cf.be/2008Atelier2.html

Cabalion Joël, “For a sociology of dam-induced displacements: state-managed dispossession and socialmovements of resettlement in a region of Central rural India (Maharashtra)”,Actes du colloque Social movements and/in the postcolonial: dispossession development and resistance in the global south, Centre for the Study of Social and Global Justice, School of Politics and International Relations, University of Nottingham, Angleterre, 24 juin 2008, Url: http://www.nottingham.ac.uk/shared/shared_cssgj/Documents/smp_papers/Cabalion.pdf 

Traductions scientifiques (anglais au français)

Steinmetz Georges, Transdisciplinarity as a non imperial encounter: for an open sociology,in Thesis eleven, Sage Publications, Los Angeles, n°91, November 2007, pp 48-65. French translation by Joël Cabalion and Mathieu Hauchecorne : « Pour une sociologie transdisciplinaire et non impériale », Actes de la IIIème Ecole d’été ESSE 2007, in Regards Sociologiques, N°37-38 (« Production culturelle et ordre symbolique »).

Compte-rendus de lecture

Anglais

Mitra, Subrata K. & Singh, V.B. (2009) When Rebels Become Stakeholders. Democracy, Agency and Social Change in India, New Delhi: Sage, 320 pages, paru dans South Asian Multidisciplinary Academic Journal, URL: http://samaj.revues.org/index2968.html

Français

Teltumbde Anand. (2008) Khairlanji. A Strange and Bitter Crop, New Delhi, Navayana, paru dans La Vie des Idées, URL:. http://www.laviedesidees.fr/La-violence-de-caste-en-Inde.html

 

 

Dernière mise à jour le 17 septembre 2015

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