Parce qu’il est souvent associé à la catégorie des « beaux-arts », l’art contemporain, avec ses oeuvres uniques et non reproductibles, semble échapper par définition au système des industries culturelles. Pourtant, il implique des conditions de création, de production et de diffusion particulières qui ont progressivement fait émerger de nouvelles dynamiques culturelles en Inde. Fortement liée au développement de grandes métropoles indiennes, comme Delhi, Mumbai ou Bangalore, la construction d’infrastructures d’art moderne et contemporain depuis le XIXe siècle montre comment un véritable territoire de l’art contemporain indien s’est construit. L’art contemporain s’inscrit dans des stratégies politique, économique et culturelle de la modernité indienne à l’échelle nationale et internationale. De nouveaux acteurs indiens, issus de grandes familles industrielles indiennes, de la diaspora, mais aussi une jeune génération d’entrepreneurs ont contribué au développement de réseaux et d’activités liés à la création contemporaine, aux collections et au marché de l’art. Loin d’être accessible à tous, l’art contemporain en Inde permet de poser la question de la démocratisation de la culture et de l’ouverture vers de nouveaux publics. Si d’une part, il est devenu un véritable secteur d’investissement et de commerce et permet d’affirmer un certain statut social, existe t-il d’autre part des initiatives pour le rendre davantage public et démocratique ? À travers les exemples d’expériences récentes, nous verrons comment des liens entre industrie culturelle et art contemporain se tissent progressivement et quelles en sont les conséquences.