CECI n'est pas EXECUTE Les Hindous, les Autres et l’Ailleurs: Asie du Sud et Diaspora

Les ateliers du quinquennal 2014-2018 |

Les Hindous, les Autres et l’Ailleurs: Asie du Sud et Diaspora

Les Hindous, les Autres et l’Ailleurs: Asie du Sud et Diaspora

Coordination : Mathieu Claveyrolas et Pierre-Yves Trouillet

 

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L’ambition de cette équipe est de réunir des chercheurs de différentes disciplines (ethnologie, géographie, histoire notamment) et oeuvrant sur des terrains et des textes divers, pour travailler ensemble sur les rapports interreligieux en Asie du Sud et dans les pays des diasporas sud-asiatiques en prenant l’hindouisme comme objet central. Il s’agit de considérer l’hindouisme comme point de contact et d’étudier comment cette religion et les hindous définissent l’autre et l’ailleurs, comment ils interagissent avec les groupes et les espaces perçus comme extérieurs, et ce que ces interactions révèlent en termes de dynamiques religieuses, sociales, identitaires et territoriales, envisagées aux temps passé et présent. On s’interrogera également sur l’importance, la reconnaissance ou le déni que ces réalités multiples du contact ont dans la définition que les hindous et les historiens ou anthropologues se font de l’hindouisme. Cette équipe propose une réflexion à la fois fondée sur une conception critique de l’hindouisme et visant à nuancer et approfondir cette conception. Il convient en effet de rappeler l’hétérogénéité des pratiques et représentations dans l’hindouisme, et l’apparition récente (impulsée par la colonisation) et volontariste (de la part des élites nationalistes du XIXème) de l’idée même d’hindouisme. On peut d’autant moins faire l’impasse sur cette perception critique de l’hindouisme que le terme même, et la catégorie, ont été inventés dans le cadre de la colonisation, point de contact s’il en est, et peuvent largement être entendus comme résultant de ce contact.

Cette notion relativement récente d’hindouisme postule non seulement une unité trompeuse, mais se fonde également sur une conception élitiste présentant l’autre comme éminemment impur et l’hindouisme comme particulièrement susceptible à l’impureté. À en croire cette conception, et contre toute évidence historique, l’ « hindouisme » serait une religion monolithique repliée sur elle-même, incapable de s’ouvrir, d’accueillir, d’affronter ou d’incorporer des traditions autres.

On notera que pareille vision n’est pas seulement rhétorique. Pour être impulsée par les élites, elle n’en représente pas moins une vision en partie partagée par toutes les couches sociales hindoues, et souvent performative car de nombreuses pratiques et représentations moins « savantes » s’alignent sur l’idéologie contemporaine dominante selon des processus qui méritent attention.

Les frontières construites autour de « l’hindouisme » et des « hindous » revêtent des dimensions non seulement sociales mais aussi spatiales car l’autre est souvent placé ailleurs. Ailleurs dans la localité (pensons par exemple aux quartiers intouchables ou musulmans) ou ailleurs dans le monde. À l’échelle continentale, voire mondiale, l’ailleurs situé au-delà des « eaux noires » de l’Océan indien et de l’Indus (dont la plus grande partie coule aujourd’hui au Pakistan) est présenté comme impur par l’orthodoxie brahmanique. Une des questions auxquelles l’atelier tâchera de répondre sera de savoir comment cette conception du territoire de l’hindouisme compose avec l’histoire des mouvements de populations hors du sous-continent puis la constitution de ce que de plus en plus d’observateurs nomment la « diaspora hindoue » (Rukmani 2001 ; Vertovec 2000).

Plusieurs axes constitués autour de différentes échelles d’analyse pourraient être envisagés dans le cadre de ce projet.

1/ L’hindouisme ne se contente pas de se construire au gré de confrontations ponctuelles avec l’autre et l’ailleurs, il doit être envisagé comme un point de contact en tant que tel. On rappellera que les structures même de la société et de l’idéologie hindoues reposent sur l’articulation entre les différentes traditions de l’hindouisme. Ainsi l’hindouisme, continuum de traditions diverses, reste-t-il structurellement dépendant de l’articulation entre soi et l’autre. À l’intérieur même de l’hindouisme, quelles interactions religieuses caractérisent la cohabitation dans des espaces sociaux certes différenciés et hiérarchisés, mais également en partie partagés, entre hautes et basses castes ? Que nous dit de l’hindouisme le recours du brahmane à l’exorciste ou l’astrologue intouchables, par exemple ? Ou la fréquentation exponentielle de lieux saints pèlerins plus universels que concernés par la distinction entre dévots ? Que deviennent les pratiques populaires face au modèle-aimant de l’orthodoxie contemporaine ? Les relations entre sectes hindoues posent également question, notamment en termes de définition ou de contestation de leurs différences.

2/ En Inde, l’histoire de l’hindouisme n’est pas celle d’une religion en vase clos. Les rencontres avec l’islam et le christianisme, les défis du bouddhisme et du jaïnisme, les rapports avec le sikhisme, ou les contacts avec les religions tribales, loin d’être des épisodes anodins ou restés dans l’étrangeté, ont tous fortement contribué au façonnement de l’hindouisme au long des siècles. Le contact, conflictuel ou non, a laissé des traces en termes de pratiques, de représentations, d’architecture, tant du côté de l’hindouisme que des autres religions. On pourra se concentrer sur les points de partage (de lieux saints, par exemple), d’influence (entre monothéisme chrétien et hindouisme réformé, par exemple) ou de syncrétisme.

3/ L’importante diaspora indienne, avec sa dimension en elle-même pluriconfessionnelle, témoigne à son tour des modalités ouvertes de la rencontre. Loin d’être rédhibitoire pour l’hindouisme, le contact, ailleurs, avec l’« autre » a largement contribué au renouvellement, à la « restauration », à la modernisation, à l’évolution de cette religion. L’hindouisme diasporique dans ses différentes versions sera étudié comme un double « lieu » de contact : contact d’abord entre les hindous, le pays hôte et les autres religions de cet ailleurs, puis entre l’hindouisme indien et celui de diaspora. On s’interrogera également sur l’histoire et les configurations de la transnationalisation de l’hindouisme, sur ses conséquences en termes de géographie rituelle et religieuse, ainsi que sur la pertinence de l’expression catégorie « diaspora hindoue ».

4/ Les « hindouismes créoles » (Benoist 1998), enfin : ceux nés dans le contexte particulier de l’engagisme qui amena au XIXème siècle les Indiens dans les sociétés de plantation (Caraïbes, océan Indien, Pacifique). Pareils hindouismes sont à la fois exemplaires des trois premiers points, cumulant souvent cohabitation entre castes, religions et cultures non-indiennes, et situation « limite » parce que fortement influencé par un contexte historique et culturel contraignant à l’extrême : la société de plantation et ses processus de créolisation. Cette rencontre entre hindouisme et société créole conduit à interroger non seulement les conditions d’existence et d’évolution de l’hindouisme hors de l’Inde, mais aussi les interactions entre ethnicité (« hindouïté »/indianité) et hybridité (créolité) caractéristiques de ces populations hindoues d’outre-mer, qui seront étudiées au prisme du fait religieux.




 

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