CECI n'est pas EXECUTE Villes et régions dans la mondialisation

Les ateliers du quinquennal 2014-2018 |

Villes et régions dans la mondialisation

Villes et régions dans la mondialisation

Coordination : Loraine Kennedy

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Cette équipe propose de prolonger la réflexion entamée dans le cadre de l’équipe STAKES (2010-13) sur les dynamiques socioéconomiques et territoriales en Inde, en développant la dimension comparative, à la fois au sein des pays que nous étudions et entre différents pays de l’Asie. Il s’agit de partir des processus de restructuration économique régionale et urbaine impulsés largement par la libéralisation progressive de l’économie depuis une vingtaine d’années et par l’insertion croissante de la société indienne dans les échanges transnationaux. Ces dynamiques, qui s’articulent avec les principaux enjeux de l’Inde contemporaine, seront abordées à partir de trois champs principaux :

Les études urbaines

Les villes sont devenues les sites privilégiés de la croissance économique en Inde, à l’image des configurations observées dans beaucoup de pays industrialisés et émergents, et c’est dans les villes que les processus de mondialisation sont les plus intensifs. De ce fait, les villes jouent un rôle très important d’interface avec le monde extérieur, que ce soit sur le plan économique, culturel ou technologique. Les régions métropolitaines en particulier subissent de fortes pressions de restructuration à la fois de leur tissu économique et de l’environnement urbain, qui recouvre le bâti et a trait également à la pression foncière, aux problèmes générés par la croissance des périphéries et des phénomènes de gentrification/paupérisation. Ces pressions de restructuration sont impulsées tant par des acteurs locaux et nationaux que transnationaux. L’enrichissement des classes moyennes, par exemple, explique l’explosion du marché immobilier et l’émergence de nouveaux quartiers résidentiels, tandis que les promoteurs immobiliers s’appuient sur le capital financier en provenance des principaux centres financiers de la planète. Quant aux pouvoirs publics, on observe qu’ils se servent des espaces urbains comme levier pour développer une politique axée sur la compétitivité territoriale, qui entre en opposition avec un idéal de « justice spatiale ». Mobilisant de nouveaux instruments réglementaires, ils cherchent à développer des infrastructures urbaines stratégiques (transports, plateformes de production), le plus souvent au moyen de partenariats public-privé. Or la transformation des espaces urbains ne se fait pas sans violence comme le montrent de nombreux incidents récents d’éviction et les diverses formes de contestation qui se cristallisent autour de grands projets. Dans le contexte des « études urbaines », il serait utile de mettre en rapport l’étude des processus du planning, des institutions et des outils - non seulement réglementaires mais également opérationnels - de construction des espaces à dominantes urbaines. L’intérêt d’une telle démarche serait de favoriser la réflexivité : comment les études urbaines et l’action de l’aménagement s’influencent-t-elles l’une l’autre ?

Les dynamiques régionales et locales

La mondialisation est souvent pensée en termes de changement d’échelle ; divers courants de recherche mettent l’accent sur l’importance croissante des échelles supranationales et infranationales en comparaison avec celle de l’État-nation, comme celui du réétalonnage de l’État (state rescaling). Ce deuxième grand champ d’étude regroupe les travaux portant sur des processus sociaux à l’oeuvre à des échelles infranationales en vue d’élucider leurs origines ou d’examiner leurs implications. L’étude des économies politiques régionales par exemple apporte des éléments pour comprendre pourquoi certaines régions arrivent à s’adapter à l’ouverture économique alors que d’autres en pâtissent. Ici les pistes de recherches sont nombreuses et variables selon les disciplines : les formes d’insertion territoriale des activités économique ; les modalités d’interaction entre élites économiques et politiques et la gouvernance économique qui en découle ; la comparaison des politiques développées par différents États indiens ; les rapports sociaux et les modes d’interaction des entreprises avec les sociétés locales, pour n’en nommer que quelques-unes. Une autre thématique importante est la régionalisation de la politique, c’est-à-dire l’importance croissante de formations politiques opérant dans un ou plusieurs États seulement, une manifestation de l’intensification de la compétition politique à toutes les échelles. Il s’agit d’un développement politique majeur avec des conséquences importantes pour la gouvernance fédérale, comme en témoigne la banalisation des gouvernements de coalition tant à l’échelle nationale que dans les États. Sans forcément passer par une institutionnalisation, sous forme de partis politiques, diverses formes de mobilisation sociale sont observées, comme par exemple le contrôle territorial de mouvements radicaux, des mouvements sécessionnistes dans plusieurs régions ou des contestations localisées diverses. Les pistes de recherches sur la mobilisation sont nombreuses : les modes et les répertoires d’action, ainsi que leur circulation, —ce qui permettrait d’inclure une dimension comparative, notamment avec la Chine, ainsi que l’émergence de formes de lutte transnationales, notamment par le biais des forums sociaux—, l’étude de l’économie des pratiques militantes (les ressources - culturelles, sociales, politiques - et les intérêts qui sont mobilisés ; les trajectoires militants des leaders ; les liens et les articulations avec la politique locale et les institutions).

Une réflexion théorique sur l’État et sur le rapport au territoire

Les processus de mondialisation en conjonction avec l’extension de principes néolibéraux de gestion économique participent à la redéfinition des modes d’action politique et du rapport qu’entretiennent les États avec leurs territoires. Ces développements ont donné lieu à des efforts d’interprétation et il s’agira de confronter nos travaux en Inde avec divers courants théoriques, y compris dans une perspective de comparaison internationale. D’ailleurs, on peut considérer que compte tenu de leur taille et leur dynamisme depuis plusieurs décennies, des pays comme l’Inde et la Chine sont en mesure de contribuer à l’émergence de nouveaux modèles économiques et d’économie politique et d’inspirer ainsi des nouvelles propositions théoriques.

Cette réflexion pourrait être prolongée, par exemple, en posant la question des autres acteurs et leur rapport au territoire. À une échelle locale, et en particulier municipale, la remise en question du rapport État / territoire est relayée par l’expression de nouveaux acteurs (ou institutions) qui cherchent à redéfinir ce lien : on peut citer par exemple les associations de résidents et les CBOs (community-based organisations) de Mumbai, qui s’organisent autour du territoire. Pour aborder les modes d’action politique et le rapport État territoire, il est pertinent de prendre en compte ces nouveaux acteurs au niveau local, ou parce que l’État est vu comme défaillant ou parce que l’action publique passe de plus en plus par un partenariat entre l’État et ces acteurs locaux (ONG par exemple dans les plans de relogement).

 

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