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Xavier Hermand
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Xavier Hermand a soutenu sa thèse de doctorat le 4 juin 2019
Transformer la matière et négocier les cultes : les groupes de l'artisanat au Nangarhār (Afghanistan)
Directeur de thèse : Michel Boivin
École doctorale : EHESS – Anthropologie sociale et ethnologie
Année 1er d’inscription en thèse : 2011
Année 1er d’inscription à l'EHESS : 2017
Après une enquête menée auprès des groupes d'artisans de la ville de J̌alālābād et des recherches historiques sur les changements sociaux des régions de l'est de l'Afghanistan, je décris comment ces professionnels qui étaient autrefois jugés marginaux parce qu'ils manipulent la matière, parviennent depuis peu, par ce même moyen, à acquérir de l'influence.
Ceux qui transforment les matières et produisent des objets à partir des métaux, du bois, des tissus, de la terre, des peaux d'animaux, descendent de spécialistes de villages et de nomades qui étaient tenus par l'endettement au service de marchands ou de chefs fonciers. Avec la transmission aux enfants des dettes et des savoir-faire, les spécialisations étaient conservées entre proches limitant la mobilité sociale. Une succession de crises au cours de la deuxième moitié du XXème siècle obligea la population du Nangarhār à fuir et parfois émigrer. Plus tard, les artisans sont revenus se concentrer à J̌alālābād pour constituer, au sein des métiers qui ont survécu, des cartels familiaux. L'évolution des rapports d'échange, la diffusion de la monnaie, l'accès à une clientèle plus large, ont permis à quelques-uns de devenir plus indépendants et à introduire de nouvelles façons de travailler. Selon les filières, certains ont monté de petites usines et repris la maîtrise sur des étapes clés de la transformation des matières, d'autres privilégient les fabrications à fortes plus-values, acquièrent des monopoles dans la distribution ou encore, délèguent les tâches les plus pénibles à un personnel extérieur. En dépit d'une absence chronique d'électricité, les artisans de cette ville, dont l'essentiel de la main d'œuvre est composée de proches parents, réussissent à proposer des objets de très bonne qualité à faible coût, une situation qui leur permet de gagner en influence. Peu auparavant, ces artisans connaissaient une situation très différente. L'absence de références généalogiques empêchait qu'ils soient acceptés comme musulmans et, si leur économie dépendait, comme d'autres acteurs du Nangarhār, d'institutions non-musulmanes, leurs activités (extraction, échange, manipulation, transformation ou, destruction des matières) étaient jugées avec méfiance par les représentants religieux. L'implication, au siècle dernier, d'un homme d'affaire et chef religieux auprès des professionnels entraîna un changement des rapports économiques mais aussi aux rites de l'Islam. Tous les artisans prétendent aujourd'hui suivre les préceptes de cette religion.
Mots-clés :
Afghanistan – Artisanat – Culture Matérielle – Technique
Appartenance religieuse – Ethnohistoire – Anthropologie sociale
Dernière mise à jour le 11 octobre 2018
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