CECI n'est pas EXECUTE L’esthétique et le vernaculaire : produits culturels et nouvelles élites dans la vallée de l’Indus et au-delà

Les ateliers du quinquennal 2019-2023 |

L’esthétique et le vernaculaire : produits culturels et nouvelles élites dans la vallée de l’Indus et au-delà

Coordinateurs : Michel Boivin (CEIAS)

 

L’atelier thématique L’esthétique et le vernaculaire : produits culturels et nouvelles élites dans la vallée de l’Indus et au-delà s’inscrit dans la refondation de deux ateliers du quinquennal précédent : Cultures vernaculaires et nouvelles élites musulmanes dans l’Asie du Sud coloniale et postcoloniale et Études gujarati et sindhi : sociétés, langues et cultures. L’accent est déplacé vers les productions culturelles, en particulier visuelles, en ce qu’elles nous informent de l’interaction entre la construction d’un savoir vernaculaire sindhi et la production d’une élite dans l’ère coloniale et postcoloniale. A travers le renouvellement de cet atelier, il s’agit d’incorporer un champ largement délaissé par les SHS englobant un vaste domaine qui s’étend de la numismatique au cinéma. L’emploi du terme « esthétique » renvoie avant tout au sens premier du mot grec aisthitikos de « perception par les sens ». Mais pour reprendre la formule de Christopher Pinney , il s’agit également de se concentrer sur « the collapse of the social into aesthetic » (Pinney 2004 : 11), avec un focus particulier sur les élites vernaculaires que nous nommerons l’intelligentsia. En outre, le postulat est bien que les produits culturels constituent un lieu privilégié pour analyser les interactions entre le social et le religieux.

L’atelier entend interroger les interactions entre l’esthétique et le vernaculaire qui peuvent  s’articuler autour d’une problématique axiomatique : en quoi l’esthétique conçue prioritairement comme un ensemble de productions culturelles contribue-t-elle à l’émergence d’un savoir vernaculaire dans l’Asie du sud contemporaine? Le rapport à l’esthétique sera certes questionné à travers l’intervention de spécialistes, tout en se situant dans la continuité de Richard Davis lorsqu’il affirme que les produits culturels « are primarily grounded not in universal aesthetic principles of sculptural form or in common human psychology of perception, but more significantly in varied (and often conflicting) cultural notions of divinity, representation, and authority » (Davis 1999 : 8).

Bien que le Sindh ait souvent été décrit comme une sorte d’isolat, du fait de sa position géographique loin des centres de pouvoir, comme Delhi, il est évident que la construction du vernaculaire s’est effectué à travers la circulation continue de paradigmes culturels. De ce fait, il sera important de situer le vernaculaire sindhi dans un cadre régional, c'est-à-dire en miroir des contrées adjacentes comme le Pendjab, le Gujarat, le Rajasthan, et autres. Par conséquent, l’atelier devra fédérer des spécialistes issus de différentes disciplines autour du fait régional sindhi, mais également dans ses interactions avec les régions adjacentes et d’autres territoires appartenant à l’Asie du sud et au-delà. Cette entreprise sera menée principalement par l’investigation de corpus culturels sindhis produits dans le Sindh, aujourd’hui au Pakistan, en Inde, et dans la diaspora sud-asiatique.

Nonobstant, cet atelier sera le seul à se concentrer sur le vernaculaire sindhi en dehors de l’Asie du sud. Cela signifie que la vocation internationale de l’atelier se reflétera dans ses membres qui appartiendront certes au CEIAS, mais également à d’autres institutions européennes et sud-asiatiques. Par ailleurs, l’atelier attachera la plus grande importance à dialoguer avec d’autres ateliers, du CEIAS et autres, qui partagent les mêmes intérêts dans d’autres régions d’Asie du sud, ainsi que dans d’autres aires culturelles.

Trois aires d’activité sont envisagées :

(1) L’atelier offrira une tribune à des chercheurs (membres ou non de l’atelier) pour présenter leurs travaux au CEIAS, dans la continuité des deux ateliers précédents.

(2) L’atelier continuera de tenir son carnet de recherche « Sindhi Studies Group : Society, Culture and Territory » (https://sindh.hypotheses.org/) à des fins de communication et de veille scientifique, via la publication de billets de contenu divers (annonces de conférences, de colloques et de publications ; recensions ; billets sur des recherches en cours).

(3) L’atelier fonctionnera de manière régulière en séminaires de travail autour de produits culturels sindhis afin de mener une réflexion collective entre les spécialistes membres de l’atelier et des chercheurs travaillant sur des corpus culturels, que ces derniers soient en sindhi, qu’ils proviennent d’une une autre région sud-asiatique ou dans des aires adjacentes comme le monde iranien. L’objectif est de faire dialoguer et échanger des chercheurs d’horizons différents à partir de corpus culturels, examinés selon les angles propres à diverses disciplines. Il s’agira de croiser les différentes approches possibles (anthropologique, géographique, historique, philologique, etc.) afin de tirer des bénéfices de cette pluridisciplinarité.

Finalement, l’une des priorités de l’atelier sera de constituer une ressource documentaire composée de corpus culturels produits au sein de l’aire sindhie. Elle inclura plus particulièrement des sources difficiles d’accès comme des corpus de textes, publiés et manuscrits, des corpus photographiques de sites, des corpus de chants dévotionnels enregistrés, des entretiens filmés avec des informateurs, des documents visuels de toute sorte etc.

L’invité (membre ou non de l’atelier, spécialiste des productions visuelles, sindhologue ou non) présentera, sur une ou plusieurs séances, son corpus, les questionnements qu’il lui adresse, les approches (méthodologiques, disciplinaires) qu’il adopte pour l’exploiter.

 

 

Bibliographie sélective :

Blair, Sheila S., and Jonathan M. Bloom (1994). The Art and Architecture of Islam 1250- 1800. Yale : Yale University Press.

Blurton, T. Richard (1992). Hindu Art. London : British Museum Press.

Boivin, Michel (2011). Artefacts of Devotion. A Sufi Repertoire of the Qalandariyya in Sehwan Sharif, Sindh (Pakistan). Karachi : OUP.

Cousens, Henry (1998). The Antiquities of Sind with historical outline. Karachi: Department of Culture Government of Sindh (1st Ed. 1929).

Davis, Richards T., Lives of indian Images, Princeton, Princeton University Press, 1999.

Edwards, Holly (2015). Of brick and Myth. The Genesis of Islamic Architecture in the Indus Valley. Karachi : OUP.

Flood, Finbarr Barry (2009). Objects of Translation. Material Culture and Medieval “Hindu-Muslim” Encounter. Princeton and Oxford : Princeton University Press.

Gell, Alfred (1998). Art and Agency. An Anthropological Theory. Oxford: Clarendon Press.

Kalhoro, Zulfiqar Ali (2014). Art and Architecture of Sindh. Karachi : Endowment Fund Trust for Preservation

Lari, Sohail (1995). A History of Sindh. Karachi : OUP.

Pinney, Christopher (2004). ‘Photos of the Gods’. Printed Image and Political Struggle in India. London : Reaktion Books.

Roy, Anjali Gera (2015). Cinema of Enchantment : Perso-Arabic Genealogies of the Hindi Masala Film. Hyderabad : Orient Blackswan.

Schimmel, Annemarie (1974). Sindhi Literature. Wiesbaden : Otto Harrassowitz.

Zaidi, Saima (Ed.) (2009). Design and Visual Culture in Pakistan. Karachi : OUP.

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